Le monde est un plein de mystères

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Allons le parcourir !

jeudi 7 mai 2015

Ile des Pins : introduction au séjour en tribu kanak

Le voyage. Comment lui donner un sens ? c'est la question que je me pose. Se sentir utile avec du volontariat, cela fait partie de nos projets cette année.
Mais il y a des moments où on avance, le temps passe, les paysages défilent mais il manque quelque chose.
Ce quelque chose c'est LA rencontre. Deux cultures très différentes se rencontrent mais les esprits se comprennent. Un échange a lieu et on se sent changé. C'est un sentiment de changement car c'est une sensation nouvelle mais en y réfléchissant mieux on a plutôt l'impression qu'on se sent enfin soi-même. J'essaye de traduire ce qu'il s'est produit à l'Ile des Pins mais ce n'est pas chose facile, tous nos sens étaient en éveil, vivant l'instant à chaque minute. Un bonheur.
Quand on ne cherche pas à prévoir, que les événements s'enchaînent pour créer ces expériences uniques, on croit au destin. J'ai décidé d'y croire.
Un cyclone est venu balayer le Nord et la côte Est de la Grande Terre la veille de notre départ en avion pour l'Ile des Pins. Notre vol a été décalé et tous les suivants ont été annulés. C'est que le voyage devait avoir lieu malgré tout.
Un vol très rude, un atterrissage manqué deux fois de suite, à la troisième tentative ratée l'avion aurait du retourner à Nouméa mais nous avons atterri.
La carte postale que l'on se fait d'une île paradisiaque comme celle-ci avait laissé place à un paysage de mousson, un ciel chargé à souhait, des vagues sur un lagon habituellement de marbre.
Nous étions en vélo et sacs au dos sous des trombes d'eau avec une tente que l'on savait par avance non étanche. Je me suis renseignée pour savoir si un des campings de l'île disposait d'un abri ou "faré"(habitation ouverte en bois et toit en feuilles de palmiers). Aucun d'entre eux. Et c'est comme ça que nous avons atterri chez Pylé et Lolo. Une famille kanak de l'île qui propose le camping chez l'habitant mais seulement de bouche à oreille. Un lieu qui s'annonçait unique.
Nous avons fait connaissance autour du feu, la pluie en bruit de fond, échangeant timidement, le silence nous accompagnant la plupart du temps. C'était un premier contact.

La nuit tombe tôt, les habitants sont rythmés par la lumière du jour, le coucher a lieu entre 19H et 21H et le lever vers 5H. Nous prendrons donc un rythme différent.
Le lendemain le temps s'arrange. Le paysage se dévoile.


Nous partons tout doucement à la découverte de notre environnement, nous avons le temps devant nous. Dix jours sur ce petit joyau de terre baigné dans des eaux turquoises.
Au deuxième jour, les langues se sont déliées, la relation avec Pylé et Lolo s'établit. Nous en apprenons un peu plus sur leur mode de vie, la coutume, la tribu, la pêche, la langouste. Le deuxième soir nous sommes invités à partager leur repas, de la langouste et de la cigale de mer. Nous sommes gênés et très honorés à la fois.
La cuisine au feu, un quotidien
Un moment hors du temps, complètement immergés.  L'Ile des Pins compte un peu plus de 2000 habitants et tout le monde se connaît, c'est incroyable. Faire le tour de l'île à vélo était la plus belle façon de se déplacer, nous étions proches des gens, très souvent à l'arrêt pour discuter, saluant chaque passant. Des sourires, des mains levées.


Pylé est une personne très intéressante, attachée à son île, à son identité. Les moments passés auprès de lui, autour du feu, autour d'une cigarette ou d'un repas ont toujours été très enrichissants et instructifs. Résumer ses paroles aurait été difficile et pour ne pas les oublier j'en ai pris note. En voici quelques unes :
"Les Kanak doivent tout savoir faire de leurs mains : construire sa maison, pêcher son poisson, sa langouste et l'art fait partie de la culture. La sculpture je l'ai appris de mon père, ça occupe le temps. Les visages représentent l'Homme, sa pensée."

"La coutume c'est le quotidien, le respect, le partage, la simplicité. Il faut être humble. On aime accueillir, ici c'est bonjour et le signe de la main. Le sourire."
"La coutume expliquée par l'office de tourisme se résume au manou, au tabac et au billet alors que la coutume c'est le partage de soi, être soi-même, donner ce qu'on a, peu importe. Si tu te trouves sur le terrain de quelqu'un tu peux simplement t'excuser, ce sera aussi ça la coutume. L'échange avec l'autre. Etre là pour l'autre, rendre service. L'argent n'a pas d'importance, on a pas besoin de beaucoup."
"Personne ne possède de terrain, chacun a son espace mais on partage, il y a de la place pour la famille s'ils veulent s'installer. C'est la tribu."
Pylé et Lolo préparant la langouste

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